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Mausolée Sainte-Marie de la croix Melbourne General Cemetery (Australie)

En rupture avec la tradition

Architecte : Harmer Architecture

Technique : VMZ Profil agrafé

Aspect : PIGMENTO® rouge terre et PIGMENTO® vert lichen

Photographe : TREVOR MEIN of meinphoto

Implantée à Melbourne après la seconde guerre mondiale, la communauté italienne de la ville souhaitait avoir un lieu de sépulture correspondant à ses traditions. L’agence Harmer architecture a conçu pour elle un bâtiment contemporain, inscrit dans un mouvement de renouveau d’un domaine trop longtemps délaissé, celui de l’architecture funéraire. L’architecture doit accompagner tous les aspects de la vie, y compris sa fin. Présente dans toute l’histoire de l’architecture, l’architecture funéraire s’est faite plutôt discrète au XXe siècle. Déclin des religions, rassemblement du début et de la fin de l’existence dans un lieu unique et éloigné, l’hôpital... Les explications de cette disparition sont multiples. Une fois la mort effacée du cercle de la vie contemporaine, il devenait tabou de lui construire des édifices. Pourtant, le thème avait donné à l’histoire de l’architecture des exemples remarquables de bâtiments. Sans remonter aux pyramides, on pense notamment aux chapelles construites par Gunnar Asplund et Sigurd Lewerentz, au cimetière des bois (*), près de Stockholm, dans les années 30, également du cimetière à San Vito de Carlo Scarpa.

Le mausolée Sainte-Marie de la Croix, à Melbourne, s’inscrit clairement dans un mouvement contemporain de renouveau de l’architecture funéraire, domaine où l’art de bâtir s’efforce de redonner sens et dignité au moment le plus douloureux de l’existence. Le bâtiment est l’oeuvre de l’agence Harmer. Ce studio d’architecture de Victoria – un faubourg du nord de Melbourne – navigue entre culturel et cultuel. Auteur de plusieurs théâtres et galeries d’art, il s’est aussi illustré dans la construction de centres paroissiaux, programmes qui ont conduit presque naturellement l’agence vers la conception de mausolées à Mildura ou à Victoria. Ces édifices ont pour point commun d’être construit à la demande de la communauté italienne implantée à Melbourne après la seconde guerre mondiale. Ses membres voulaient pouvoir disposer de sépultures répondant à leurs traditions.

(*) En anglais Woodland Cemetery, ou Skogskyrkogarden en suédois

Œuvre sous influence

Des programmes des plus légers aux plus graves, les bâtiments dessinés par le studio Harmer ont en commun un goût pour les matériaux, qui viennent soutenir l’expressivité des formes. Il arrive que les architectes privilégient l’usage d’un seul matériau, mais le plus souvent, leurs bâtiments sont un assemblage hétéroclite et savant de différents matériaux, un matériau de base pouvant lui même être décliné suivant plusieurs teintes, comme sur le centre d’activité de l’Université de Frankston.

Cette manière d’utiliser la polychromie, les formes fragmentées, rappelle certaines oeuvres d’Enric Miralles, architecte catalan pour lequel Philip Harmer ne cache pas son admiration. Le cimetière d’Igualada près de Barcelone, est d’ailleurs une source d’inspiration du Mausolée Sainte-Marie. Autre influence revendiquée par l’agence Harmer, l’oeuvre de Bruce Goff, architecte américain élève de Frank Lloyd Wright, qui se caractérise par un usage très libre des formes. Une liberté bienvenue dans ce contexte funèbre. Le programme du mausolée est aride, autant sur le plan émotionnel que formel. Il consiste en une suite de caveaux aux dimensions normées, des cavités parallélépipédiques empilées les unes sur les autres, recevant, un, deux cercueils ou plus.

En rupture avec la tradition

Le manque de place, raison d’être de ce bâtiment qui augmentait la capacité du cimetière Sainte-Marie sur un minimum d’espace, interdisait les dispositions en pavillons ou en cour. L’implantation est rigoureusement longitudinale : la partie publique est délimitée par une enveloppe qui vient entourer les caveaux, également insérés dans une crypte souterraine. Les visiteurs sont reçus dans deux longs couloirs parallèles, hautes galeries ouvertes sur l’extérieur par de grandes ouvertures verticales pratiquées dans une paroi pliée habillée de zinc polychrome. Le plissé est une référence au centre paroissial voisin, dessiné lui aussi par l’agence Harmer. Les fenêtres doivent autant permettre l’entrée de la lumière, qui vient jouer sur des plaques perforées de croix, qu’ouvrir la vue sur l’extérieur, le paysage.

L’architecture funéraire a ses codes. Elle préfère les matières lourdes, le granit, le béton, semblant défier l’éternité. Philip Harmer s’est inscrit délibérément hors de cette tradition « nous avons exploré une palette de matériaux beaucoup plus vaste, pour susciter chez le visiteur un sentiment de réconfort et d’espérance. Nous avons utilisé le bois, l’inox, et deux couleurs de zinc pour fondre le bâtiment dans le contexte du cimetière existant. La durabilité du matériau nous paraissait également appropriée pour l’accueil des personnes qui demeureront dans le bâtiment pour l’éternité», explique l’architecte. Délaissant l’image du monolithe dramatique, le mausolée s’insère entre la cité des vivants et celle des morts, drapé dans des parois légères, grave sans être accablant, comme une promesse de consolation.

Harmer Architecture

Harmer Architecture est une agence d’architecture basée à Collingwood, dans la banlieue de Melbourne en Australie. Le studio a été fondé en 1985 par Philip Harmer et deux associés, Ken Seakins et Andrew Briant. Le travail de l’agence repose principalement sur les bâtiments communautaires et les espaces publics et comprend les églises, les théâtres, les universités, avec une véritable expertise pour les mausolées. La philosophie qui nous anime est que notre travail doit améliorer la vie des gens et chaque projet doit raconter une histoire spécifique sur une communauté ou un groupe, un peu comme ce que Jean Nouvel appelle la “Spécificité” des lieux qui lie les traces du passé avec le nouveau bâtiment.

L’architecte qui nous inspire le plus est l’américain Bruce Goff, dont le travail possède un extraordinaire sens de l’inventivité et de lyrisme, avec une mise en puissance du lieu, avec une passion pour les matériaux, les couleurs et les détails. Nous sommes également inspirés par le travail d’Enric Miralles sur la forme, la géométrie et les tendances qui est aussi très impressionnant et toujours d’actualité.

Mausolée Sainte-Marie de la croix Melbourne General Cemetery (Australie)

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